Lorsqu’on parle d’habitation écologique dans les grandes villes, on a souvent en tête ces projets flambants neufs avec leur design ultramoderne et leurs matériaux à la pointe de la technologie, choisis tout particulièrement dans le but d’optimiser l’efficacité énergétique du bâtiment. Bien que cela soit vrai, l’habitation durable, c’est aussi réutiliser des espaces déjà présents dans l’environnement afin de les revaloriser!
Le promoteur immobilier Rachel Julien l’a bien compris et s’est d’ailleurs lancé en affaires uniquement avec des projets de revalorisation. Un exemple bien concret : la réhabilitation de l’église St-Jean de la Croix, qu’on vous présente aujourd’hui dans cet article.
Petit aperçu du projet
Le projet Place Delacroix est un projet de copropriété résidentiel situé dans La Petite-Patrie, à Montréal, qui a fait d’une ancienne église des condos (70 unités), et de son presbytère adjacent un immeuble communautaire, dans le but de préserver la vocation sociale de l’église.
On y trouve le Centre de la famille de La Petite-Patrie, qui comprend trois organismes de quartier : la Maisonnette des parents, la place des Enfants et le Club d’âge d’or Les Amandiers, qui sont logés à des prix accessibles.
Pour la petite histoire, la paroisse St-Jean de la Croix a été fondée en 1900. L’église fut construite en 1926, et le soubassement daterait de 1910 environ.
Localisé au coin des rues Saint-Laurent et Saint-Zotique, on ne peut pas manquer l’édifice. Celui-ci a gardé toute sa grandiosité d’époque : la façade a été très bien conservée, quasiment au complet. Pour ce qui est de l’intérieur, les aménagements ont collé de près aux hauts espaces typiques de l’ancien bâtiment religieux. Notons par ailleurs que ce projet a reçu un prix d’excellence.
La vision
Petite entreprise familiale à ses débuts, Rachel Julien est une compagnie fondée par Denis Robitaille en 1994. Pour ce dernier, la conservation du patrimoine architectural montréalais est primordiale.
De plus, comme la compagnie est née d’une famille ouvrière dont le cheval de bataille principal était la réutilisation, c’est comme cela que l’entreprise s’est rapidement positionnée comme précurseur de projets de revalorisation immobilière à Montréal. Une vision de l’immobilier donc très axée sur le ‘’recyclage’’ des espaces autant que des matériaux, et de fait, une remise en question de la légitimité même de démolir pour reconstruire du neuf.
Les défis
La reconversion de St-Jean de la Croix date de 2004 et a été un véritable défi pour l’entreprise. En effet, comment trouver le parfait équilibre entre la conservation de l’architecture d’époque et la mise en place de nouveaux éléments de construction à la fois modernes et écologiques ?
Le juste équilibre entre ancien et moderne
Les entrepreneurs de chez Alex & Rafaelle Construction, que Rachel Julien a mandaté pour effectuer la réhabilitation de l’église, ont donc dû s’adapter à l’ancienne construction le plus possible, tout en apportant les nouveaux aménagements pensés par le promoteur. L’objectif était d’essayer de faire cohabiter les deux paramètres le plus possible à chaque étape de la transformation.
Notons que les standards habituels de Rachel Julien ont dû aussi être respectés à tous les niveaux : une qualité d’habitation supérieure et le respect de strictes normes en termes d’efficacité énergétique.
En dehors de ce premier, mais non moindre défi, deux autres défis supplémentaires se présentent, inhérents au fait de vouloir donner une deuxième vie aux églises. Luc Noppen, professeur au département d’études urbaines et touristiques à l’UQAM, nous éclaire sur ces deux points.
Le côté financier
Il est très dispendieux de procéder à la restauration d’une église. L’acheteur qui voudrait aller de l’avant avec ce type de projet doit donc avoir les reins solides. De plus, les églises ne sont pas données par les temps qui courent, surtout à cause de la situation financière précaire des paroisses.
Donc, en termes d’investissement pur, se pose la question de la rentabilité.
La règlementation
Celle-ci peut en effet décourager l’achat des lieux de culte. À Montréal, l’achat des églises pour vocation non religieuse doit souvent passer par un changement de zonage et du plan d’urbanisme, et cela peut prendre jusqu’à quatre ans. La patience doit donc être de mise…
D’autres revalorisations
Parmi les autres projets de réhabilitation de Rachel Julien, on retrouve la transformation d’une ancienne école située en face du parc Sir Wilfrid Laurier, désormais devenue l’édifice à condos Le Wilfrid Laurier.
Un autre de leurs projets phares, d’où la compagnie a d’ailleurs tiré son nom, est le Rachel Julien, situé sur le Plateau Mont-Royal, au coin des rues Rachel et Henri-Julien : il s’agit d’un ancien hospice centenaire, également reconverti en condos.
Sources :
https://www.montrealguidecondo.ca/news/eglises-converties-en-condos/
https://www.racheljulien.com/fr/projects/place-delacroix/
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