Notre belle Montréal pleine de charme recouvert de son manteau blanc. La neige et l’hiver lui vont si bien.  Voici Un amour de quartier avec texte et vidéo.

 

La Création

Au tout début de l’univers, avant même que Dowtown Abbey n’existate, Dieu créa ma rue et lui greffa quatre saisons distinctes afin que les enfants qui y habitaient puissent contempler le cycle de la vie. Vers la mi avril à Rosemont, la contemplation débutait. On sortait les pics, les pioches et les pelles, pour briser les épaisseurs de glace qui s’accrochaient désespérément aux trottoirs, dans les cours d’écoles et les ruelles. L’hiver, tout comme ma’m Drainville, ne savait jamais quand s’en aller disait Louvina. Fallait l’aider. Sur ma rue, ça aidait allègrement… Quand  il y a trois ou quatre garçons par maison, il faut s’attendre à vivre au milieu d’un joyeux chantier qui ne s’arrêtera de piocher que pour une seule raison valable au monde: manger! En ville, le premier cycle de la vie s’appelait donc «casser l’hiver», comme on cassait jadis une grippe au lieu d’engorger l’Urgence.

Le deuxième cycle de la vie vous sera révélé quand on y sera.  D’ici là, si vous voyez un monsieur âgé piocher un minuscule restant de glace devant son entrée de maison, soyez indulgents. Qui sait, peut-être a-t-il rendu service à vos parents en d’autres temps quand lui et ses frères étaient fringants?

Maurice